jeudi 20 février 2014

Una lacryma sur le museau

Van Der Weyden, Déposition de Croix , détail.



Lorsque j' avais quinze ans , déjà tendre perverse,
Avide d' éveiller de bravaches aveux,
Je baignais de caresses d' humides morveux
Afin que mon aridité s' ouvre aux averses.

Lorsque gorgée de sève enfin femme je fus,
Jouant du doigt la grâce d' humbles gladiateurs,
Je riais du dépit du pauvre admirateur,
Meurtri sous l' avalanche d' un glacial refus.

Ils pouvaient bien saigner, pleurer, perdre la face
Quelque larme ou menace amusait mon ennui,
Rien ne rivalisait avec l' horreur des nuits,
Lorsqu' un spectre vous tord que seule l' aube efface.

Et vous voilà mordue d' ignobles érinyes,
Et vous voilà suivie du noir Ankou qui crisse,
Incendiée de remords, noyée de cicatrices,
Paria dénaturée que toute Loi renie.

Il suffit d' un vainqueur immense dans l' arène,
Droit comme une colonne, épais comme un Samson,
Pour qui le Styx aussi fut le seul échanson,
L' épouvante pour père et la mort pour marraine.

Alors cet homme là va planter son regard
Sur ton corps abîmé par des mains malhabiles,
Installer sous ta peau cette ancre indélébile
Des sanglots de diamant sur un sentier hagard.

Et tu sais que c' est lui car tu n' es plus méchante,
Tu ne ris plus de ses douleurs, tu ne ris plus,
Tu trembles avec lui de qui lui a déplu,
Oui,désormais, la moindre de ses larmes chante.


30 commentaires:

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  2. Mon Roger n' a pas un prénom plus glorieux puisqu' il s' appelle Michel :) Ceci dit mes prétendants ne valaient pas plus cher que ceux de Pénélope et j' ai plus de remords pour l' idée de ma débauche que pour leurs blessures! En effet l' adolescence est cruelle et la femme reste longtemps adolescente, moi en tout cas, il était temps de grandir un peu, tu as visiblement mis moins de temps et bravo pour cela, c' est comme nos jeunes Red et Sadaya qui m' émerveillent d' être déjà de grandes dames, elle est belle la jeunesse d' aujourd'hui!

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  3. C' est très beau, vraiment. Je n' ai jamais rien surmonté, ni peurs , ni désespoir, je quémande aux anciens écrits, si tu as des remèdes aux terreurs de vivre ou de mourir, je prends, avec mon estime.

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  4. Bonsoir Isabelle,

    En écho à ce vibrant poème tout en vision...Superbe ! Tout y est...

    "Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
    D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
    Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
    Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

    Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
    Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
    Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
    Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

    Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
    Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
    Comme ceux des aimés que la Vie exila.

    Son regard est pareil au regard des statues,
    Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
    L'inflexion des voix chères qui se sont tues".

    P. Verlaine, Mon rêve familier...

    http://www.youtube.com/watch?v=Qc9c12q3mrc (rien à voir encore que, à bien y regarder...)...

    Poétiquement,

    Maxence.

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  6. Et si , il y a toujours quelque chose à voir, Maxence, mon si précieux ami dont la voix chère s' est tue, tu me mets en cure de désintoxication forcée, je préfèrerais soigner le mal par le mal, préviens moi si tu écris à nouveau quelque part ailleurs, j' adorais nos voyages de nulle part pour un rien sans personne, je t' embrasse d' outre tombe et hors du temps.

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  7. Thibault, merci pour ta bienveillance et pour tes suggestions dont je connais l' excellence de certaines d' entre elles, la beauté est le meilleur remède en effet, et la lumière aussi, ce symbole de la connaissance, je te souhaite comme j' en ai l' intuition de faire partie de ces rares poètes doués pour le bonheur, bonne soirée également, toute en lumière.

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  8. Quelques vers soufflés valent mille discours pour te saisir ma chère Isabelle et comprendre la foire d'empoigne dont tu as toujours su tirer ton épingle du jeu! Un jeu dont tu n'a nullement arrêté les règles faites par les macho et les aigris de toute espèce.Tes poèmes qui sont une forme de cris me laissent dire que tu es une bonne battante aux allures paraissant démoniaques mais au cœur tellement tendre que tu seras toujours ma douce aimée!

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    1. Je t' adore mon Bizak, on se connaît depuis longtemps sur les blogs, tu le sais bien que je ne griffe ni ne mords, je t' envoie tout plein de tendresse!

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  9. Aussi particuliers ou douloureux soient-ils, les chemins de la personnalité ont des méandres toujours perspicaces pour arriver à ses fins ultimes. On est celui ou celle qu'on devait être, Dieu a surveillé le façonnage de toutes façons ^^
    Besos ma belle ♥

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  10. Et certains croisements de personnalités aux multiples méandres sont tout à fait opportuns! Bisettes mon pirate!

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  11. J'ai fait une première lecture et comme d'habitude, je sais qu'il va me falloir y revenir pour en saison toutes les subtilités même si je me suis reconnue dans mes premières années d'adolescence... Fort heureusement, la vie m'a vite rappelée à ses codes et ce fut également dans la douleur qu'il m'a fallu me "ranger" (en apparence -clin d'oeil).
    Belle journée

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  12. En effet Moun, je ne te classerai pas dans les " jeunes filles rangées", d' ailleurs tu es inclassable, de toute façon la poésie est un art de la transgression et du désordre et les poètes ont un goût prononcé pour le libertinage, assumé ou fantasmé, bien sur!

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  13. Gloups.. étais-tu au Lycée Marceau à 15 ans ?? ..j'y morveutais moi aussi.

    J'adore les averses.. extincteurs en rafale...
    Moi j'aime bien ce texte :D

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  14. Mais voui, j' étais à l' école du mime Marceau, je faisais la danse du sioux sous les averses, hugh mon frère!

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    1. C'est magnifique ! Les imitatrices, comme tu dis, dépassnt parfois les initiateurs !
      Bon, cela dit, tu m'avais promis de m'appeler !!! et tu ne l'as pas fait !!
      Ensuite, j'ai besoin pour mes écrits d"un ou deux quatrains, que je suis incapable d'écrire, et dont j'ai besoin pour un texte avec référence bien sûr, sur la sainte CHASTETE ! Je compte sur toi !!!
      legallbrebis@gmail.com

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    2. T'as été chez ce con de Marceau ??? j'avais plusieurs amies anglaises qui y sont allées !

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    3. Merde, j'ai confondu avec l'école !!!

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    4. Ah tu m' as fait peur! C' est si poétique! Excuse moi je me suis laissé déborder par des invitations en tout genre et pourtant tu me manques! Je peux te les faire tes quatrains sur la chasteté, mais il va falloir que je fasse appel à ma mémoire reptilienne, bisous mon Gallinou!

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    5. Je compte sur toi...quatrain mis en italique et signé !..;De mon côté, c'est le sexe dont je ne me souviens plus. kesako ?

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    6. Ha ha ha! C' est normal, tu es né Ange!

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  15. L'itinéraire d'une femme, de toutes les femmes peut-être : la roue cruelle du temps tourne en même temps que sa relation aux hommes. Heureusement que tu sublimes par tes mots le matérialisme cru et biologique que l'on pourrait voir à l'œuvre dans ce condensé de vie !

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  16. Disons que homme ou femme, tant que nous ne sommes pas amoureux , nous sommes de cruels prédateurs, ça m' a demandé un peu plus de temps, c' est tout le paradoxe d' ailleurs, au moment où je commence à accuser mon presque demi siècle ( ou c' est lui qui m' accuse) je vis une histoire d' un romantisme glamour digne des pré ados, on fait tout à l' envers maintenant!

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    1. Alors il faut comprendre qu'il n'y a pas d'âge pour l'amour et que l'on est tous égaux face à lui, ados, hommes murs comme quinquagénaires !

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    2. Exactement, je te situe par indices dans les trentenaires, ce qui signifie qu' il te reste toute une vie à savourer, bon appétit!

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Lâche toi de toute façon tu es modéré...