jeudi 12 novembre 2015

La veuve noire




Joseph Apoux, Un Drame.



Elle tisse, tapie, d'arachnéennes toiles,
La ténébreuse Parque aux aubes assombries,
Sous ses ongles striés éclatent les débris
Des rêves oubliés aux poussières d'étoiles.

Elle aima autrefois un archange arc-en-ciel,
Figé,le poing tendu, bandé sur la révolte;
Il sema l'ouragan que la nuée récolte...
L'amour moire depuis exhale un goût de fiel.

La solitaire alors dévora ses amants.
Quelle noce apocryphe aux rites infamants!
Son rut rutile d'or et de sang des orgies

Dont se vêt le soleil,habit de chair humaine;
Vainement les épris avinés se démènent,
La Muse énamourée jamais ne s'assagit.