jeudi 8 mai 2014

Parce qu' un jour la substance est effleurée

Maxfield Parrish: plénitude.



Tu m'as touchée parfois de tes bras transpercés,
Brûlante était ta main, j' en porte ici la marque,
Puis là , et même ailleurs, c' est le seing de la Parque,
Le sang , le sel et l' eau de ton sein déversés.

J' ai humé ton odeur de chair , de sang tété,
En rampant, nez au sol, j' aspire au sacrifice,
Vil lombric lubrifié glissant seul à l' office,
Jadis déjà je dus rêver de sainteté.

Tant de fois je l' ai vue ta face à mes parois,
Humble icône effacée des demains qui déchantent,
Suaire de mes sueurs dont mes os se repentent,
Ton reflet , rien que lui, s'impose en tant que roi.

Sur le bout de la langue je garde le fiel
Du miel empoisonné des âmes ténébreuses,
Afin que tu oublies les angoisses affreuses
De ton amer séjour sur terre entre deux ciels .

Je n' entends que le bruit de tes membres brisés,
Brise mélancolique au souffle qui m' embrasse,
Toi mon corps, toi mon sang, mon calice, ma race,
Je m' offre à ton baiser, ivre... morte... grisée.