samedi 26 septembre 2015

A deux doigts





Oedipe et le Sphinx, par John McKirdy Duncan, 1934



Ni malade, ni fou, ni blessé, ni croyant,
Ni triste cicatrisé d'incurables luttes,
Le miroir de notre âme est une anacoluthe
En forme de Janus au rire larmoyant.

Tes regards sont les paumes d' anciens rebouteux
Qui es tu? Un sauveur oedipien,pieds percés,
Tueur du monstre antique, le nouveau Persée?
Dom Quichotte arpentant les sentiers caillouteux...

Ta rencontre eut le goût des jouets d' un grenier,
Comme un vin poussiéreux d' un très haut millésime,
Une fleur étoilée qui n'essaime qu'aux cîmes,
Le goût des interdits trop longuement reniés.

Je renais à ta vue toi que nul ne connais,
Qui es tu, je ne sais mais ce que tu me touches!
Peu importe ta peau, le fluide de ta bouche,
Tu es importuné par le désir, tu n'es

Pas consistant, un passant sur un quai,un rire
Aux aléas, un informe génie du beau,
Sourd aux oracles d' or, au cri noir des corbeaux,
Aux mots d'amour coulant des cordes de ma lyre.

Que jamais Asmodée ne verse son poison
Aux veines assoiffées de plaisirs illicites,
Sois stoïque au démon qui jadis m' a maudite,
N' allons pas conquérir de mythique toison!