vendredi 22 mai 2015

Jusqu' à ce que la mort




Marie ton miroir borgne aux orbites violets,
A la froide améthyste des veines violées,
Aux sources affaiblies de mes larmes d' eau pâle;
Marie ta peau de cuivre en ses sueurs d' opale
Aux trésors épuisés de mes vieux ors gelés,
Marie ton clair monocle à mon sombre orgelet,
Ta décadence osée aux folies qui m' empalent
Viens détacher la fleur d' un frigide sépale.

Mon monde se réduit à l'oeil de ton lorgnon,
Les longs bras de Vénus mutilés en moignons
Trop se sont mutinés en gestuelle obscène;
Que le rideau de pourpre ensanglante la scène
Pour que soient consommés du banquet les rognons,
La quinte des douleurs, cruciforme fanion..
Epouse-moi bourreau, la muse a son mécène,
La Seine a son berceau,l' aube sa nuit malsaine.

Ta fiancée méfiante endolorie se meurt,
La fiente des ramiers,la graine des semeurs,
Tombent, blanches rafales du haut des girouettes,
Le glas de nos destins, discordante pirouette
Disperse le suicide en sonores rumeurs.
L' amour est un cancer, la noce sa tumeur,
Juste un voile immobile qu'aucun vent ne fouette,
Les bans oubliés crient dans le rire des mouettes.