samedi 7 décembre 2019

Que la beauté demeure



La folie de Kate, Füssli.

 Cette dame m'a dit que je me fais un monde
De mensonges tissés, de souvenirs épars,
Entre les arrivées et quelques faux départs,
Mon manège se détournerait de sa ronde.

 Faut-il croire la femme et dois-je anesthésier
Les prophéties grouillant en mon imaginaire,
Dois-je éteindre du jour l'oracle luminaire,
Cher instinct de survie, dois-je t'euthanasier?

 J'aurais pu m'immoler à l'autel de la science,
 Me soumettre au gourou prêt à m'étiqueter,
Me donner au Moloch prompt à déchiqueter
 Sa victime coupable d'excès de patience;

 Alors je me souvins, qu'au sortir des tranchées,
Moi la gueule cassée je me suis fait ma place,
Moi la grande brûlée figée devant la glace,
Ma soif de trop d'amour a bien su s'étancher.

Alors je lui ai dit, et que Dieu me pardonne,
-Je n'ai ni ton minois ni ton passé choyé;
Le mien se délabra en un soir dévoyé
Pétrifié d'une malédiction de Gorgone...

 -Or je m'enorgueillis de m'être fait aimer:
Heureuse et belle il t'est facile de séduire
Mais si à ma folie tu prétends me réduire,
 De fatals picadors pourraient bien essaimer.

 Regarde moi, morue, ma vie est une énigme,
En vain, aucun des tiens ne saurait décrypter
Ce que j'ai enduré, ni ne pourrait capter
Des ombres de mon ciel l'infini paradigme.

 Je n'ambitionne pas vos médailles mastocs,
Ni vos cérémonies, gardez vos vains hommages,
Qui pourrait réparer l'authentique dommage,
Nul monument de marbre, nul galon en toc.

 Qui donc me soignera , madame et son diplôme,
Camisole chimique à grand coup de Vidal?
Mais a-t-on engagé le processus vital?
Hippocrate respecte-t-il le droit de l'homme?

Que sais tu de la vie, donneuse de leçons?
As tu payé le prix du sang, des sueurs , des larmes,
Entendu le tocsin, frémi au bruit des armes,
Charmée par les pêcheurs, mordu à l'hameçon?

Mais qui donc parmi vous pourrait jeter la pierre,
 Je ne vous permets pas de me juger, aucun,
 Qu'un unique entre vous, juste un seul, que quelqu'un
Me convoque en duel de sa pauvre rapière.

 Il apprendra de moi qu'en mon blason blessée,
Si parfois mon destin traça ma route hagarde,
 Blêmissant mon visage de sa strie blafarde,
 Onc de mon Dieu ne me suis sentie délaissée.

 

samedi 12 octobre 2019

Amour moilneux



 Rogelio de egusquiza, Tristan et Yseut.

 L'échiquier de nos sens,voue à l'échec et mat
 Le pastel amoureux d'humides aquarelles,
 Le destin pleurnichard dessine une marelle
Au ciel pluvieux d'un terre à terre tableau mat.

 Vous vous crûtes pionniers de tous vos nouveaux mondes,
Fondateurs d'un Eden à l'abri de vos maux,
 Le temps, ce tentateur, a serti les émaux
Vous scellant prisonniers d'alliances immondes.

 Où est-il cet amour qui défiait les dieux?
 Le temps cet assassin lui coupa-t-il les ailes?
 Qu'est devenue l'ardeur, qu'est devenu le zèle
 Sinon ce vent glacial givrant tous nos adieux...

Comme il est difficile de fermer la porte,
De se laisser partir , d'assumer d'être seul,
D'enfouir les souvenirs sous l'opaque linceul
D'une mort à venir d'une toute autre sorte.

Comme il est difficile de se désaimer,
 Sans espérer que germe un autre blé en herbe,
Une autre création née d'un semblable verbe
 Venant dans nos déserts ses graines essaimer.

dimanche 22 septembre 2019

Où sont vos amis?



Déjà aux oliviers ils dormaient insouciants,
Disciples nonchalants, indifférents apôtres,
Inaptes à prier, privés de patenôtres,
Ignorants du salut, de repos impatients.

Quand vous fûtes cloué, ces déserteurs en masse,
Allèrent se terrer quand des femmes pleurant
Au pied de votre croix , effondrées demeurant,
Attendaient au jardin que promesse se fasse.

Vous fûtes laissé seul, tant de fois si souvent,
Depuis l'ange déchu cette étoile filante,
Jusqu'à notre pensée voilée, annihilante
S'infiltrant dans les choeurs jusque dans les couvents.

Je ne veux plus mon Dieu qu'en me rendant vivante
Vous perdiez l'énergie de votre création,
Que soit versé en vain le sang de la Passion,
Je veux vous remercier comme une pauvre orante.


lundi 29 juillet 2019

l'amoureux mieux qu'un mari ou qu'un amant



Car l'homme amoureux tremble à l'idée de déplaire,
Il palpe les pulsions du pouls de l'éplorée,
Il explore l'orée de ses peurs déflorées,
Affrontant sa folie, chevalier exemplaire.

Car l'homme amoureux sent ses sueurs exsudées,
Prémisses des terreurs que son amante exhale,
Ses yeux ont la prescience des fosses nasales,
Sous ses mains les secrets s'exhibent dénudés.

Car l'homme amoureux sait qu'une femme amoureuse
Crépite à la lumière des rouges passions,
Palpite à la lueur des fauves ovations
Qu'insuffle son amant en salves vigoureuses.

Mais l'aube douloureuse nie l'ardente nuit,
L'aurore n'aime pas le jeu des noctambules,
Défiant le hasard, audacieux funambules,
Sur leur fil éternel, ennemi de l'ennui.


mardi 11 juin 2019

Hurle ô ma douleur


Le lys mystique, Gustave Moreau.


Hurle ô ma douleur, ne laisse pas tranquille
Les bourreaux déguisés en suaves faux-semblants;
Entre-deux ciel et terre ,estuaires, presqu'îles,
Grisâtres horizons esquissés noir sur blanc.

Que votre oui soit oui que votre non soit non,
Ni peut-être ouï, ni second du capitaine,
La triste hésitation de Buridan l'ânon,
Lorsque l'on tourne en rond où l'aviron nous mène.

Rejette les oignons de l'Egypte ancienne,
Tu m'aimes prouve-le, bien plus qu'en pointillés,
Rejette les rognons de l'insipide chienne,
Tu veux des mets de roi, reviens-moi, tu y es.

Tu peux fouiller les méandres de tes vies passées,
Ce que tu as glané est bon pour la poubelle,
Tu peux renier les joies, les plaisirs amassés,
Jamais tu ne sauras de doctrine plus belle.








dimanche 19 mai 2019

O FILII ET FILIAE

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Noces


 Musée Gustave Moreau


Nostalgie, ce soir m'éclaire cierge ou bougie,
Je veux pour écritoire à l'encre ou à la plume,
Un crâne au feu follet qui d'une tombe allume
L'épitaphe encensée où se grave un ci-git.

Je sais tant de maximes gravées à l'enclume,
Tant de dieux pétrifiés en grises effigies,
Tant de secrets gardés par de sombres vigies
Figés à l'encre de mystérieux volumes.

Moi aussi j'incantai d'étrangères magies,
Moi aussi j'endossai de bizarres costumes;
Je tentai l'au-delà à des titres posthumes...
Mon Dieu ressuscité m'a toujours assagie.


https://youtu.be/DgHAmEYLbjI