mardi 27 mars 2012

L' imper espace

Deully: Dante et Virgile aux Enfers



Emprunte les conduits
Des cheminées méridionales,
N' aie crainte de la suie
A la noirceur subliminale.

Le feu fera fondre l' arctique
Du passé momifié,
Toutes les tristesses antiques
Finiront pétrifiées.

En vain le froid te suit
Dans cette retraite infernale,
Au feu les sanglots fuient
Figés en neiges hivernales.

Si le destin défié,
Apposait son sceptre sceptique,
Ton totem déifié
S' imposerait comme un viatique.

lundi 19 mars 2012

Peau céder

Angelo Bronzino: la jalousie ( détail)



Peau céder,
Perdre haleine,
Veines pleines
Posséder.

Ton ventre, ma terre,
Tes yeux, soleils bleus
Des jours graveleux;
Les perdre m' atterre.

Fin de toi, mon effroi,
Mon agonie glaciaire,
Horrible mise en bière
Dans un gouffre de froid.

J' entâche mon rétable
Des peintures pâlies
De nos amours salies
Par d' autres, redoutables.

Sa toile est irisée
Des bouches qui hullulent
La douleur qui pullule,
Tant de liaisons brisées.

Je prie que le mépris
Ne trouve jamais place
En ta foi qui m' enlace
Et qui n' a pas de prix.

Que ne soit pas géole
Mon coeur qui t' idolâtre
Ni la danse folâtre
Des bras qui t' auréolent.

De toutes mes fibres
Ligoter l' angoisse,
Mon vieux mal, ma poisse;
Reste un homme libre.

Tout céder,
Parousie;
Jalousie?
Décédée.


Jalouse - Mlle K par go-moon

lundi 12 mars 2012

contre nature

Draper: Icare


Pour Thomas D...mort broyé par une hélice.

Percé d' un javelot quand tu lançais le disque
De ta destinée. Cette course avec le ciel,
Tu as fini noyé. Le songe existentiel
Pèse un poids trop léger face à la part du risque.

Tu mouillas dans l' eau trouble rassasiée de fiel,
Dans le cloaque bourbeux tu as bu aux délices,
Avant d' être broyé par la fatale hélice,
Le navire en spirale a l' illusion du miel.

Les voyages sucrés finissent aux Sargasses,
Combien ont convoité l' Eden des au delà,
Juchés sur des esquifs que l' orgueil modela,
Squelettes de l' abysse jonchée de carcasses.

Le défi n' a qu' un temps qu' il ne maîtrise pas.
J' aurais crié pitié pour qu' on te fasse grâce,
Quel crédit aurais je eu moi qui suis de ta race,
Quand Dieu nous est cruel, qu' on n'en médise pas.

Je ne suis ni amante, ni soeur, ni ta mère,
Pauvre hectoplasme errant, ses larmes pour linceul,
Je suis l' oeil du miroir qui t' as toujours su seul
Au seuil inaccessible de ta quête amère.