Emile Signol Prédication de la deuxième croisade à Vezelay
Seigneur, ne châtie pas mon être en ta colère,
Ô ne me reprends pas de toute ta fureur,
Pitié, pitié pour moi qui traîne ma langueur,
Guéris mes os séchés, mes mourantes viscères.
Mon âme est dans le trouble, et toi jusques à quand?
Reviens Seigneur, reviens, que ta bonté me sauve,
D'eaux saumâtres croupies en de noires alcôves
Délivre mon esprit des assauts trop fréquents.
Au Shéol aucun homme ne te rendra gloire!
Je m'étiole à gémir, chaque nuit les sanglots
Arrosent ma couche, l'inondent de leurs flots;
Dans la mort aucun homme ne t'a en mémoire.
Le chagrin ronge mes yeux aux vaisseaux brisés;
L'ennemi m'a usé, ma peau se parchemine,
Mes trésors sont pillés, minés par la vermine,
Mes cheveux ont blanchi, ma vie est épuisée.
Ô Seigneur entendez la voix de ma prière!
Eloignez-vous , voleurs, partez vils malfaiteurs
Car le Seigneur entend mes pleurs réparateurs,
Il exauce mes voeux; disparaissez! Arrière!
Ils devront reculer, confus, bouleversés,
Les nombreux ennemis, l'armée des adversaires,
Quand Dieu transpercera le chef des mercenaires
De sa lame trempée dans mes larmes versées.