vendredi 27 septembre 2013

Les absents ont toujours raison

Delvaux: Vénus endormie




L' absence épanouit la nuit de la distance,
 La main ne palpe plus que contours atrophiés,
 Le regard s' asphyxie d' illusions déifiées
 Dont l' être a imprégné sa mâle persistance.

Maladie sans remède aux voulues surdités,
 Le manque est un mystère méconnu des mages,
Affamé de chimères, rassasié d' images,
Nourri aux spires de sa propre absurdité.

Les disparus d' ici, fantassins des ailleurs,
En duels déloyaux contre eux se font la guerre,
Les amants délaissés, les aïeux de naguère,
Au lettres humectées par des mots mitrailleurs,

Où s' en sont-ils allés, vers quelles quêtes vaines,
Comment n' ont ils pas vu la bouche qui hélait,
Entendu les secrets que des lèvres scellaient?
Ils traînent aux enfers leur pesante déveine.

Ce qui se lie à terre au ciel n' est pas délié,
La marque de nos liens s' imprime dans nos chairs,
Peut on compter pour rien ce qui valait si cher,
Déchirer tant de pages de nos peaux reliées!

Honnie soit la vieillesse que plus rien ne tente,
Si aucune lumière ne teint l' horizon,
En ce marasme obscur où nous nous enlisons,
Surtout ne pas partir mais préférer l' attente.