samedi 28 février 2015

אני אוהב אותך



Bruges la morte, Khnopff


La lune était bleu nuit sur la place inouïe,
 Sur mon sort s' est enfin refermée ta main ferme,
 En mes veines glacées se ramifiait un germe;
Je rêvais sous le charme,inerte, évanouie.

Je te suivrai aux marches d' un obscur Beffroi
 Suivant le labyrinthe d 'un étroit sillon,
Nous l' avons entendu le divin carillon,
Dissipant le silence du terrible effroi.

 Ton esprit me réchauffe d' un ardent soufflet,
Pichenette au haut mal qui tôt me désespère,
 Brûlant le souvenir des hontes de mes pères,
Contemple en ces canaux ton faunesque reflet.

 Il faudra des moulins chanter la ritournelle,
Il faudra revenir aux chambres ordonnées,
 Aux baisers sur la peau, aux coups de dés donnés,
 Afin de terrasser les morts sempiternelles.

vendredi 20 février 2015

Le mâle aimé





Hors d' ici pauvres hères, pleutres, petits mythes,
Il me faut un Orphée, Oedipe aux yeux crevés,
Un Rédempteur percé aux membres élevés
Pas un usurpateur qui le destin imite.

Mon astre ne peut être un Abélard castré,
Un chevalier frustré errant son amble triste,
Le ministre funeste d' un futur sinistre
Bêlant des prophéties,pâle oracle prostré.

Avide d' évider le cocon de ma haine
Il me faut un géant, âpre belligérant,
Maléfique stratège, fat réfrigérant
Qui va raréfier l' air de sa fétide haleine.

Ma génocide vengeance va s' assouvir
Non par le pardon donné en pusillanime,
Plutôt par un massacre que la rage anime,
De purulentes plaies vont se plaire à s' ouvrir.


dimanche 1 février 2015

Entre chien et loup





Von Stuck: La Chasse sauvage

C'est l'intervalle long dans le ciel alangui.
La langue du soleil se tire au crépuscule;
Cicatrice nacrée, horizon minuscule,
Tapie dans les confins la lune se languit.

Le sang se remémore les anciens carnages
Bouillant comme un damné aux arènes du ciel;
Sur fond de toile pâle, le point essentiel
De la chute des temps suit sa course sauvage.

Le Chaos explosif s'apprête à procréer;
C'est l'heure du magma où s'enfouissent les choses,
D'occultes possédés font des métamorphoses,
Les âmes exhumées aiment à maugréer...

C'est l'heure qui  enfante au corps des fleurs de pierre,
Pendant ce brouhaha gémissant et rieur,
Des larmes de granit figent à l'intérieur
Les tripes pétrifiées étouffées sous le lierre.

La narcissique mort, miroir enraciné,
Projette son éclat sur la chienne qui chante:
"Je suis l'énigmatique sphinge qui te hante
J'ai dans l'antique nuit ta trace dessiné."