vendredi 27 septembre 2013

Les absents ont toujours raison

Delvaux: Vénus endormie




L' absence épanouit la nuit de la distance,
 La main ne palpe plus que contours atrophiés,
 Le regard s' asphyxie d' illusions déifiées
 Dont l' être a imprégné sa mâle persistance.

Maladie sans remède aux voulues surdités,
 Le manque est un mystère méconnu des mages,
Affamé de chimères, rassasié d' images,
Nourri aux spires de sa propre absurdité.

Les disparus d' ici, fantassins des ailleurs,
En duels déloyaux contre eux se font la guerre,
Les amants délaissés, les aïeux de naguère,
Au lettres humectées par des mots mitrailleurs,

Où s' en sont-ils allés, vers quelles quêtes vaines,
Comment n' ont ils pas vu la bouche qui hélait,
Entendu les secrets que des lèvres scellaient?
Ils traînent aux enfers leur pesante déveine.

Ce qui se lie à terre au ciel n' est pas délié,
La marque de nos liens s' imprime dans nos chairs,
Peut on compter pour rien ce qui valait si cher,
Déchirer tant de pages de nos peaux reliées!

Honnie soit la vieillesse que plus rien ne tente,
Si aucune lumière ne teint l' horizon,
En ce marasme obscur où nous nous enlisons,
Surtout ne pas partir mais préférer l' attente.







35 commentaires:

  1. Tu ne chômes pas, dis donc, et tu publies à un rythme régulier !

    "La mort sera seulement notre absence." Hervé Bazin.

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    1. Une absence...je ne connaissais pas cette définition, mais comme toujours, il en est de plus sereines ou de plus douloureuses, comme le suicide, bien amicalement..

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  2. Ta langue s'enroule si bien aux glands de nos pensées que nous y reconnaissons toujours des sens empirés ou imaginés...
    Ton talent magnifique est toujours intact, comme la beauté de chaque jour qui revient encore et encore. Besos ma belle ♥

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    1. Merci pour ta fidélité, l' empire des sens , c' est une forme de pouvoir pacifique, je la revendique!

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  3. Sur mes cahiers d’écolier
    Sur mon pupitre et les arbres
    Sur le sable de neige
    J’écris ton nom

    Sur toutes les pages lues
    Sur toutes les pages blanches
    Pierre sang papier ou cendre
    J’écris ton nom

    Sur les images dorées
    Sur les armes des guerriers
    Sur la couronne des rois
    J’écris ton nom

    Sur la jungle et le désert
    Sur les nids sur les genêts
    Sur l’écho de mon enfance
    J’écris ton nom

    Sur les merveilles des nuits
    Sur le pain blanc des journées
    Sur les saisons fiancées
    J’écris ton nom

    Sur tous mes chiffons d’azur
    Sur l’étang soleil moisi
    Sur le lac lune vivante
    J’écris ton nom

    Sur les champs sur l’horizon
    Sur les ailes des oiseaux
    Et sur le moulin des ombres
    J’écris ton nom

    Sur chaque bouffées d’aurore
    Sur la mer sur les bateaux
    Sur la montagne démente
    J’écris ton nom

    Sur la mousse des nuages
    Sur les sueurs de l’orage
    Sur la pluie épaisse et fade
    J’écris ton nom

    Sur les formes scintillantes
    Sur les cloches des couleurs
    Sur la vérité physique
    J’écris ton nom

    Sur les sentiers éveillés
    Sur les routes déployées
    Sur les places qui débordent
    J’écris ton nom

    Sur la lampe qui s’allume
    Sur la lampe qui s’éteint
    Sur mes raisons réunies
    J’écris ton nom

    Sur le fruit coupé en deux
    Du miroir et de ma chambre
    Sur mon lit coquille vide
    J’écris ton nom

    Sur mon chien gourmand et tendre
    Sur ses oreilles dressées
    Sur sa patte maladroite
    J’écris ton nom

    Sur le tremplin de ma porte
    Sur les objets familiers
    Sur le flot du feu béni
    J’écris ton nom

    Sur toute chair accordée
    Sur le front de mes amis
    Sur chaque main qui se tend
    J’écris ton nom

    Sur la vitre des surprises
    Sur les lèvres attendries
    Bien au-dessus du silence
    J’écris ton nom

    Sur mes refuges détruits
    Sur mes phares écroulés
    Sur les murs de mon ennui
    J’écris ton nom

    Sur l’absence sans désir
    Sur la solitude nue
    Sur les marches de la mort
    J’écris ton nom

    Sur la santé revenue
    Sur le risque disparu
    Sur l’espoir sans souvenir
    J’écris ton nom

    Et par le pouvoir d’un mot
    Je recommence ma vie
    Je suis né pour te connaître
    Pour te nommer

    Liberté

    Paul Eluard, Poésies et vérités,


    Bonsoir Isabelle,

    Ton poème est plein d'images...Comment ne pas s'y reconnaître dans une strophe, un vers, une tournure...il laisse la place à l'imagination, à l'intertextualité...au rêve...Et s'il n'y avait d'absence que dans la langueur des retrouvailles...?

    Poétiquement,

    Maxence


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    1. Merci pour mon poème emblématique, le dernier quatrain pourrait être la devise de tous les poètes.Quel bonheur d' avoir enfin pu te lire, à nouveau, je te redis ici à quel point tu m' as manqué pendant ce voyage initiatique et nécessaire,tu as tellement besoin d' espace, mais je suis heureuse que tu fasses un peu escale, merci d' être là.

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  4. Ah! Non... c'était vraiment trop long. Je déteste les séparations. Comme je boude, je colle des araignées... je vais mal. (air mélodramatique) Je suis heureuse de tes mots et de ton retour. Bisous sorcière que j'aime.

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    1. Ma chère Rouge, âme d' artiste sensible et tendre, violence et foudre, pardon pour tant de pointillés, je suis happée par de nouveaux rythmes, mais rien ne change de ce que l' on aime vraiment.J' ai vu qu' on ne peut plus te commenter, cela m' afflige, j' aime ces dialogues, si tu n' habitais pas si loin, j' accourrais pour te voir.

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    2. Cette distance me pue au nez. Tu serais la bienvenue chez moi et je suis plutôt sauvage en général. Pour le tempérament, je suis taureau donc parfois je vois rouge quand on abuse en m'agitant la cape sous le nez. J'encorne et je me calme. Je suis un volcan, je boue et j'implose puis explose. Impossible de faire autrement. Je t'embrasse.

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    3. Et moi je suis un petit cancer qui marche en diagonale du fou, je m' entends très bien avec les porteurs de foudre, moi qui n' aurais jamais les couilles d' être un Prométhée...

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  5. Bonjour orfeenix et j'ai lu et relu et j'y vois la rapidité des décisions et lorsque c'est l'ultime qui nous titille, lorsque la vie ne représente plus rien qu'une souffrance... comment comprendre le passage à l'acte tout en respectant ce choix ? L'attente dis-tu ? Comment faire disparaître les idées noires enlisées dans la vase de la douleur ?

    A bientôt

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    1. On s' est comprises, et tu as autant de non réponses que moi! C' est pour eux, il faudrait qu' ils soient plus patients, le suicide est juste une erreur de temps, quand je suis désespérée, j' attends d' espérer, c' est un conseil solidaire de malade.

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  7. PS : paul éluard, le comble de la niaiserie poétique, avec Prévert, beurk !

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    1. Toujours contre le pour et pour le contre, je n' ai jamais pu lire Barbara sans pleurer ( le poème , pas ton idole!)

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  8. Très beau poème, chère Orfeenix! Très profond et super bien écrit! In fine, chacun(e) porte sa croix mais c'est mieux que rien qu'il y ait de la consolation!

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    1. Cela vaut tout même, tant de consolations de l' exil nous sont offertes, l' art de créer et l'art d' aimer entre autres!

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  9. Tant qu'ils nous l'espoir de resurgir, les absents ont raison jusqu'à preuve du contraire!

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    1. Tu as raison, ils sont présumés innocents! Bisous mon cher absent!

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    2. Bisou aussi ma Chère Absente. Il y'a un bail que tu étais absente ou moi , ce qui est pareil. C'est vrai loin des yeux , loin du cœur dit-on! Mais Isabelle tu es, Isabelle tu restes dans nos cœurs, par Thor et par Fréya disent les vikings ou les danois!

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    3. Quand je ne suis pas assez présente, je dis pardon!

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  10. Mais la lumière doit venir de son intérieur, l'attendre n'est-ce pas aussi l'éteindre définitivement?
    Les absents ont toujours raison sauf quand ils tardent trop à revenir...vers cette lumière.
    Toujours autant de graines d'images jetés dans nos rêves et nos imaginations à deguster.

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    1. Tout à fait , l' absence prend le risque de l' oubli.

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  11. Paul Eluard Beurk ? Jacques Prévert Beurk ? Brebis Gall Beurk !

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    1. Il ne sait pas toujours ce qu il dit mais il a du coeur le bougre...

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    2. Ah! Il a la langue fourchue mais du cœur la peste, bien vrai.

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  12. J'étais absente ici et pourtant je ne pense pas avoir eu raison de me tenir si éloignée! Mon retour me permet de découvrir deux poèmes au lieu d'un... Quel plaisir!

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  13. Ce qu' il y a de bien avec nous c' est que nous savons que nous sommes bienveillantes ce qui laisse la liberté d' aller et venir comme bon nous semble.

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    1. Il est bien vrai même si je m'ennuie quand vous n'êtes pas là, mes sœurs. Vous m'empêchez de faire des mauvais coup. Gnac! Gnac!

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    2. Moi j' adore tes mauvais coups!

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    3. Me suis trompée de billet tiens mais pas grave! :)

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  14. les quêtes sont toujours vaines. c'est ce qui fait leur charme...
    tout est histoire de fascination, en fait...

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