jeudi 7 juin 2012

Peut être à cause des ombres il avait l' air de rire

Moreau: Oedipe et le Sphynx


Il avait mis son kilt d' highlander irlandais,
Ses yeux de condamnés, son sourire de l' ange;
Avec sa cornemuse et son allure étrange,
L' aura des crucifiés sans cris, le transcendait.

Elle entendait la voix qui toujours demandait
Si tout doit se faner, pourquoi le temps nous change,
Avec le corps qui s' use et glisse dans la fange,
Ses formes falsifiées et ses peaux se fendaient.

Tel un Gargantua il riait à la fête,
Croquant à toute pulpe, remède à la peur,
Traquant d' abruptes proies en habile trappeur,
Reniant ses succès, célébrant ses défaites.

Elle rampait au sol éblouie par les faîtes,
Soleils vertigineux aux nocturnes vapeurs;
Les cauchemars du jour et les rêves trompeurs
S' insinuaient aux sentes des fuites parfaites.

Les voilà enlacés, vertical corps à corps,
Pas de deux provisoire ou immortelle danse,
En route pour l' Histoire ou vers la décadence,
Mariage bariolé d' harmonieux désaccords.

Ne leur reprochez pas leurs lèvres aimantées,
Les gestes affamés, Les mots de démesure,
Ils sont des résistants qui combattent l' usure,
Si l' on vous interroge, par pitié, mentez.

8 commentaires:

  1. Les histoires d'amour qui ne durent pas ne prouvent rien, les plus longues assurément même s'il faut remettre du bois dans le feu :))

    (mais pas sur les goélettes, ça brûle vite les bateaux) ^^

    Besos princesse des rimes endiablées ♥

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    1. Cher Jack:
      Moi je ne brûle pas les bateaux mais j'emprunte des voies qui me permettent de monter sur ta goélette et te dire les yeux dans les..seins, que je ne peux pas les mettre dans la poche et puis franchement, vous n'y allez de main morte, vous les matelots! Ce ne sont tout de même pas des noix de coco!
      Excuse moi isabelle, je n'ai pas fini avec blogger et ses tracasseries, mais coûte que coûte, si on m'interroge, je ments...pas!

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  2. une histoire d' amour qui ne dure pas n' en était pas une, et une histoire de tendresse immense qui se termine en incendie, ce n' est pas pour nous, ton bateau de rêves ne risque rien, j' aime trop voyager pour l' abîmer! Bisettes amour de pirate!

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  3. Quelle transcendance dans tes quatrains...
    C'est si exaltant...
    Puisses-tu résoudre l'énigme de ton abject Sphynx hantant,et rire de bonheur dans la lumière, belle Orfee...

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  4. J' ai bien peur que la réponse à toutes nos énigmes soit identique à celle du sphynx antique: notre condition humaine avec sa terrible dynamique vers le coup de foudre final mais que cela ne nous empêche pas de rire en effet! Merci d'être revenu,la profondeur de ton regard me manquait.

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  5. Tu exprimes par ces vers, la complexité de la nature humaine, car aucun autre moyen ne peut décrire le mythe de Sisyphe comme en a parler Albert Camus(Le fait de « vivre le supplice de Sisyphe » signifie que l’on vit une situation absurde répétitive dont on ne voit jamais la fin ou l’aboutissement.)Ton poème est exaltant, car on y lit la volonté d'arriver qui suffit à tout!
    Un aveu: je suis content de t'avoir croisé sur mon chemin,un jour, chère poètesse!

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    1. Le plaisir de cette rencontre est plus que partagé Bizak, tu le sais! Je suis très admirative devant la pensée de Camus et la force du mythe mais je ne crois plus à la fatalité des spirales, en tout cas de moins en moins, notre égalité si elle existe est d' avoir tous le droit à notre part de joie, et quelles soient les malédictions imposées par les blessures familiales, je crois à la liberté de ne pas regarder en arrière en sortant des enfers, l' erreur d' Orphée à ne pas commettre.

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  6. En tout cas bravo d' avoir reconnu la citation de l' étranger de Camus " peut être à cause des ombres il avait l' air de rire" à propos de l' Algérien que Meursault s' apprête à tuer et qui symbolise toutes les paranoïas des hommes privés de repères.

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