dimanche 24 janvier 2016

Bonheur




Chers amis blogueurs,

J'ai l'honneur de vous faire partager ma joie et ma reconnaissance pour un heureux évènement : je me marie le 2 avril avec Michel, mon géant danois et vous invite à vous unir au moins spirituellement à nos voeux de bonheur, vous qui m'avez aidée à tenir par l' humour, le soutien et la densité.Merci!

jeudi 12 novembre 2015

La veuve noire




Joseph Apoux, Un Drame.



Elle tisse, tapie, d'arachnéennes toiles,
La ténébreuse Parque aux aubes assombries,
Sous ses ongles striés éclatent les débris
Des rêves oubliés aux poussières d'étoiles.

Elle aima autrefois un archange arc-en-ciel,
Figé,le poing tendu, bandé sur la révolte;
Il sema l'ouragan que la nuée récolte...
L'amour moire depuis exhale un goût de fiel.

La solitaire alors dévora ses amants.
Quelle noce apocryphe aux rites infamants!
Son rut rutile d'or et de sang des orgies

Dont se vêt le soleil,habit de chair humaine;
Vainement les épris avinés se démènent,
La Muse énamourée jamais ne s'assagit.

samedi 24 octobre 2015

Bon anniversaire, Anaïs.



A peine étais-tu née que tes yeux dévorants
S'ouvraient,abîme immense sur le pauvre monde;
Tes yeux qui dans le beau et l'angoisse se fondent
Quémandaient de l'amour avec des mains d'orant.

Lucide visionnaire aux tendresses sublimes,
Tu savais...Tes aïeux aux vices éhontés,
Tu savais...Les instants aux rebours décomptés,
La valse des amants aux tristes pantomimes.

Vaines les tentatives de t'amadouer,
Tu sortirais ,polie,une féline griffe;
Forte d' un évangile pour lors apocryphe,
Tu as tes précoces dogmes de surdouée.

J'ai voulu te connaître,je n'ai pas failli;
Nos pères,nos passés me poussaient à la fuite;
J'ai souhaité en dépit d'une histoire sans suite
Oublier pour toi tout ce que j'avais haï.

Je serai la Psyché qui jamais ne te ment,
La mémoire au secours de l'âme qui appelle;
Je vibre des mots qu'en secret ton coeur épelle.
Je ne regrette rien car je t'aime vraiment.








Celle là c'est bien pour toi que je la mets!

samedi 26 septembre 2015

A deux doigts





Oedipe et le Sphinx, par John McKirdy Duncan, 1934



Ni malade, ni fou, ni blessé, ni croyant,
Ni triste cicatrisé d'incurables luttes,
Le miroir de notre âme est une anacoluthe
En forme de Janus au rire larmoyant.

Tes regards sont les paumes d' anciens rebouteux
Qui es tu? Un sauveur oedipien,pieds percés,
Tueur du monstre antique, le nouveau Persée?
Dom Quichotte arpentant les sentiers caillouteux...

Ta rencontre eut le goût des jouets d' un grenier,
Comme un vin poussiéreux d' un très haut millésime,
Une fleur étoilée qui n'essaime qu'aux cîmes,
Le goût des interdits trop longuement reniés.

Je renais à ta vue toi que nul ne connais,
Qui es tu, je ne sais mais ce que tu me touches!
Peu importe ta peau, le fluide de ta bouche,
Tu es importuné par le désir, tu n'es

Pas consistant, un passant sur un quai,un rire
Aux aléas, un informe génie du beau,
Sourd aux oracles d' or, au cri noir des corbeaux,
Aux mots d'amour coulant des cordes de ma lyre.

Que jamais Asmodée ne verse son poison
Aux veines assoiffées de plaisirs illicites,
Sois stoïque au démon qui jadis m' a maudite,
N' allons pas conquérir de mythique toison!


lundi 3 août 2015

L'âme hors peut danser



Palma Giovani, la piscine probatique

Je l’ai haï enfant, je l’ai haï plus tard, je l’ai haï toujours,
Poings serrés, reins crispés, corps brisé, pleurs tenus,
Farouche, écorchée, écartelée, moitié nue,
Brûlante, déferlante, hurlante, un ancien four…

Le grand inquisiteur, le séquoia immense,
Enraciné dans moi comme un virus vorace,
Coupé de son passé, renié de toute race,
N’a pas osé finir ce qui ne se commence.

Et le voilà mourant, brisé, rafistolé,
Cousu de filaments comme un vieux transistor,
En réanimation, plus de droits ni de torts,
Juste un pauvre mendiant déchu, auréolé ;

Lépreux, bancal, muet, pauvre de l’Evangile,
Doigts tremblants, larme aux joues, plus qu’un souffle fragile,
Comble de l’ironie, virevoltante, agile,
Une madone noire est l’ultime vigile.

Sentinelle postée je vis l’obscur fantasme,
Moi l’être morcelé, caméléon ou phasme,
J’observe sa toux rauque, ses suées, ses spasmes,
Cruel détachement, « Quel morbide marasme ! »

Le temps thaumaturge tarit toute tumeur.
Ses sanglots sonnent vrais, ces remords –là demeurent,
Non le bruit ne court pas, non vaine est la rumeur,
Je l’ai maudit vivant, je l’aime quand il meurt.

Reprends vie, prends haleine, prie à pleine veines,
Plus vite le cœur bat, l’horloge est remontée,
La rage nous re-mord en sa course éhontée,
Lutter dur dans l’arène au plus fort de nos gênes…

Qu’a-t-il vu quand d’ici se coupait le cordon ?
Comment a-t-il guéri, quel onguent, quel remède ?
De quel ordre fut donc ce céleste intermède ?
Je ne le sais ,mais il a demandé pardon.

samedi 18 juillet 2015

Le devoir de mémoire


A V.G



Vézelay: Adam et Eve

Mais tu n'es qu'un enfant, tu as tout oublié,
De brisure abrasive en corrosifs sarcasmes,
Un conte maladif, de la fièvre , des spasmes,
Alités...Menottés...Débridés...à lier!

Tu ne te souviens pas que ta main assassine
Fleurissait écorchée quand ma peau prenait feu,
Que d' aurores taries et que de soirs affreux,
Chacun de son mal être l'autre contamine.

Ne va pas ranimer le germe des blessures,
Nous n'irons plus chercher de sagesse à l' étang,
Nous n' irons plus tenter de comprendre le temps
Au lieu si silencieux que seul il nous rassure.

Bien sûr ce lac là brille comme un rêve ancien,
Mes larmes ont coulé en cette basilique,
Je vois le tourbillon des ajoncs, des reliques,
Dans le reflet menteur d' un miroir magicien.

Peut-être aurions nous dû, nous avons dit "peut-être",
C'était là le danger il faudrait être sûr,
Sûr de soi, sûr de moi, il fallait passer sur
Ma folie, ma laideur et ma terreur des maîtres.

Nous nous sommes gavés, de sang, d' eau, de liqueurs,
Par lampées ,par coulées, par gorgées, par rasades,
A l' infini, je t' ai aimé, ces mots sont fades...
Ni feu, ni fiel, ni ciel, ni amour, ni rancoeur.

Tu peins illusionniste la peine en couleurs,
En ma grise agonie j' ai effleuré la frange
Des plumes épanouies du plus beau des archanges,
Laisse-le je t' en prie recoudre ma douleur.


Tu te rappelles, le gingko biloba?

vendredi 22 mai 2015

Jusqu' à ce que la mort




Marie ton miroir borgne aux orbites violets,
A la froide améthyste des veines violées,
Aux sources affaiblies de mes larmes d' eau pâle;
Marie ta peau de cuivre en ses sueurs d' opale
Aux trésors épuisés de mes vieux ors gelés,
Marie ton clair monocle à mon sombre orgelet,
Ta décadence osée aux folies qui m' empalent
Viens détacher la fleur d' un frigide sépale.

Mon monde se réduit à l'oeil de ton lorgnon,
Les longs bras de Vénus mutilés en moignons
Trop se sont mutinés en gestuelle obscène;
Que le rideau de pourpre ensanglante la scène
Pour que soient consommés du banquet les rognons,
La quinte des douleurs, cruciforme fanion..
Epouse-moi bourreau, la muse a son mécène,
La Seine a son berceau,l' aube sa nuit malsaine.

Ta fiancée méfiante endolorie se meurt,
La fiente des ramiers,la graine des semeurs,
Tombent, blanches rafales du haut des girouettes,
Le glas de nos destins, discordante pirouette
Disperse le suicide en sonores rumeurs.
L' amour est un cancer, la noce sa tumeur,
Juste un voile immobile qu'aucun vent ne fouette,
Les bans oubliés crient dans le rire des mouettes.