samedi 31 décembre 2022

Pour toujours et à jamais, mon géant danois

 

 

 

 Füssli, Roméo et Juliette

 

 

 Troisième séance de chimio


Car nous nous aimerons, passés les nécessaires

Tributs que l'on devait aux dîmes et aux lois,

Les dettes impayées, un reste d'honoraire,

Finiront honorées d'un don de bon aloi.


Je connais un royaume où les amants frustrés

Sont enfin libérés de toutes leurs contraintes:

Des anges y consolent les âmes prostrées,

Evaporant les larmes, dissipant les craintes.


Une empreinte a tracé ton iris chaotique,

Ton oeil est le dessin d'une carte au trésor,

Je suivrai ce parcours vers une île exotique

Quand mon corps torturé reprendra son essor.


Mon juste châtiment alors aura pris fin,

Mes membres affranchis de la peur de l'offense

Viendront s'entrelacer à tes contours si fins,

Notre amour purifié tombera en enfance.


Car cet Eden mythique fait les innocents,

Ravivant les couleurs de mon zèle affadi;

Que m'importe la mort qui me mord jusqu'au sang

Pourvu que tu mes suives en ce Paradis.

jeudi 8 décembre 2022

L'alchimio

Maja Maldita, 1918, Oil on canvas, 161.5 x 202 cm

 

Federico Beltràn Masses, Maja maudite.

 J'ai réussi à te répondre en anonyme sur mon billet précédent, tu verras je t'avais répondu le 19 août, je ne sais pas ce qui se passe avec cette connexion! Tes poèmes sont très beaux, tu as vraiment de multiples talents, j'aurais aimé te connaître!

La chambre désolée de mon hostellerie

Se moque bien du faste des anciens palaces;

Des corps ensevelis en ses lits se prélassent

Guettant l'apothicaire et sa sorcellerie.  


Dehors s'évanouit en vague remembrance;

Ce que l'on étreignait devient déliquescent,

Ce que l'on atteignait s'efface, évanescent,

Face au cri impérieux des muettes souffrances.


La chair, cette guenille aux fourbes trahisons,

Striée par les regrets et les craintes tardives,

Sue sang, larmes et eaux en cascades plaintives,

La couche est son mouroir, l'hôpital sa prison.


Pourtant malgré le flot de tant de doléances,

Mon esprit égayé bondit entre les airs;

Loin des halls surpeuplés, des corridors déserts,

Ignorant de la mort la fatale échéance;


Il va se prosterner aux pieds d'un très grand Roi

Qui connut autrefois bien pire sacrifice

Et lui rend son hommage en tant que Dieu le Fils,

Citadelle hors d'atteinte, imprenable beffroi!