dimanche 18 janvier 2015












Qui sait?

Je suis celui qui suis,
Peut-être ou ne pas être,
Ou d' albâtre ou de suie,
Etre esclave,être maître.

Es-tu ce qu'il faut suivre,
Né dans la bonne peau,
Entre ivoire entre cuivre,
Bon fanion, bon drapeau.

Tu crus prophétiser
Tu crus tenir le monde,
"J' ai anathémisé
Les religions immondes."

Regarde leurs mimiques,
Eux, ces singes de l'homme,
Vois comme ils revendiquent
De pouvoir fonder Rome.

En sacrifiant Siné,
Pour je ne sais quel roi,
L'avais-tu deviné?
Tu mourrais sur la croix.



dimanche 4 janvier 2015

Quand la renaissance est inéluctable...

Mossa: Elle




A Lui ( http://lesrecitsdenullepart.jimdo.com/)

Eve, ma mère,il te fallut croquer la pomme
Pour qu' enfin tu connusses le vrai mal à l' oeuvre;
Tes filles ont souvent avalé des couleuvres,
Afin de ressentir la puissance de l' homme.

Je t' admire , Marie, la seule Immaculée,
Notre Mer infinie oubliée des naufrages,
Pacifiant les terreurs, apaisant toute rage,
Par toi, j' ai abordé quelques miraculés.

De mes fonds reptiliens, ils m' ont toujours couverte
De leurs désirs visqueux en triangles gluants,
Leurs hymnes maladroits en instruments suants
Interprétaient des sonates blanchâtres et vertes.

Tu as dû en souffrir des affronts, des insultes,
Pour qu' une anamorphose d' eux fut acceptée,
Qui eut pu concevoir qu' une " fille" eût opté
Pour l' ascèse, le repentir, pas ces incultes.

C' est ton corps qu'ils voulaient , ton corps de pécheresse,
Tes tentations bourbeuses, tes ardents regrets,
Les jadis flamboyants que les démons maugréent,
 Non les humides peurs au cours des Sécheresses.


http://youtu.be/FDLVv9J8DvU

samedi 12 juillet 2014

Innocents poisons


Peter Lely: children singing



Retrouvons la fureur des douceurs enfantines,
les sucettes sucrées sirotées en baisers,
Le miel acre du trèfle et la fleur d' églantine,
Faiseuse de traînées au goût de sang braisé.

Petit prince, enfant roi à l' âme d' un sauveur,
Tu pourras suçoter mes plaies et mes piqûres,
Palper ma chair friable aux laiteuses saveurs,
Colorer de tes doigts mes cavités obscures.

Ton épée de jadis, cette noble frontière,
Se dresse pour scinder nos corps transfigurés,
Afin de les unir plus fortement qu' hier
Tranchant les langues bifides mal augurées.

Restons purs des péchés mortels des temps nouveaux,
Offre moi d' inédites caresses pucelles;
Mon virginal amant, inverse l' écheveau
Du mortel tisserand des amours jouvencelles.



jeudi 8 mai 2014

Parce qu' un jour la substance est effleurée

Maxfield Parrish: plénitude.



Tu m'as touchée parfois de tes bras transpercés,
Brûlante était ta main, j' en porte ici la marque,
Puis là , et même ailleurs, c' est le seing de la Parque,
Le sang , le sel et l' eau de ton sein déversés.

J' ai humé ton odeur de chair , de sang tété,
En rampant, nez au sol, j' aspire au sacrifice,
Vil lombric lubrifié glissant seul à l' office,
Jadis déjà je dus rêver de sainteté.

Tant de fois je l' ai vue ta face à mes parois,
Humble icône effacée des demains qui déchantent,
Suaire de mes sueurs dont mes os se repentent,
Ton reflet , rien que lui, s'impose en tant que roi.

Sur le bout de la langue je garde le fiel
Du miel empoisonné des âmes ténébreuses,
Afin que tu oublies les angoisses affreuses
De ton amer séjour sur terre entre deux ciels .

Je n' entends que le bruit de tes membres brisés,
Brise mélancolique au souffle qui m' embrasse,
Toi mon corps, toi mon sang, mon calice, ma race,
Je m' offre à ton baiser, ivre... morte... grisée.

dimanche 9 mars 2014

Le jour des Cendres

Chagall: l' oiseau de feu.


Il est de sombres soirs plus amers que le Styx
 Où l' âme est bouche bée, suffocante et noyée,
 Où l' enfer s' esbaudit à gorge déployée,
 Tandis qu ' en rêve pousse l' aile de Phoenix.

 Survoler l' infini des monts et des vallées,
Archipel indigo,plonger en tes lagons,
 Au volcan s' enflammer comme rouge dragon,
Renaître aube de feu, l' eau de vie avalée!

 Etre autre et être même, être à même d' aimer,
 Féconder en plein ciel une pleine nacelle,
 Dans un feu d' artifice au brasier d' étincelles
 Nidifier un cratère, un beau feu essaimer.

 Vivre comme des dieux garants de lourds secrets,
 Mais toujours arrogants d' un pouvoir éternel,
Veiller les plébéïens d'un zèle paternel,
 Maintenir le destin qui se rit des décrets.

jeudi 20 février 2014

Una lacryma sur le museau

Van Der Weyden, Déposition de Croix , détail.



Lorsque j' avais quinze ans , déjà tendre perverse,
Avide d' éveiller de bravaches aveux,
Je baignais de caresses d' humides morveux
Afin que mon aridité s' ouvre aux averses.

Lorsque gorgée de sève enfin femme je fus,
Jouant du doigt la grâce d' humbles gladiateurs,
Je riais du dépit du pauvre admirateur,
Meurtri sous l' avalanche d' un glacial refus.

Ils pouvaient bien saigner, pleurer, perdre la face
Quelque larme ou menace amusait mon ennui,
Rien ne rivalisait avec l' horreur des nuits,
Lorsqu' un spectre vous tord que seule l' aube efface.

Et vous voilà mordue d' ignobles érinyes,
Et vous voilà suivie du noir Ankou qui crisse,
Incendiée de remords, noyée de cicatrices,
Paria dénaturée que toute Loi renie.

Il suffit d' un vainqueur immense dans l' arène,
Droit comme une colonne, épais comme un Samson,
Pour qui le Styx aussi fut le seul échanson,
L' épouvante pour père et la mort pour marraine.

Alors cet homme là va planter son regard
Sur ton corps abîmé par des mains malhabiles,
Installer sous ta peau cette ancre indélébile
Des sanglots de diamant sur un sentier hagard.

Et tu sais que c' est lui car tu n' es plus méchante,
Tu ne ris plus de ses douleurs, tu ne ris plus,
Tu trembles avec lui de qui lui a déplu,
Oui,désormais, la moindre de ses larmes chante.


mardi 11 février 2014

Retirez vous vos yeux me brûlent ( la bête de Cocteau)

Jean Delville: l' idole de la perversité.


Fortune courtisane adonnée au sadisme,
Ta sanguinolente étreinte  fut infligée
Aux dermes affligés qui ont désobligé
L' isthme des destinées érigées en ton prisme.

L' égratignure teint les doigts des évadés,
J' ai mal à leur mollet écorché à la course,
Ce gibier fusillé d' avoir bu à la source,
les déserteurs haineux des marches saccadées.

J' ai mal à vos poignets suintant mille misères,
Perdants de rodéos, plus faibles qu' équidés,
Erodés des écueils, mes frères suicidés,
Aux vagues tourmentées vos rames s'épuisèrent.

Le deuil à petit feu d' illusions décédées,
De mesquines envies en rêves rétrécis,
J' ai mal au spectre vil aux contours imprécis,
Cesse donc de hanter mes heures obsédées.

Ce que souffre la chair n' est rien qu' une écorchure,
Le fléau , ce haut mal de la médiocrité,
Tue le lobe frontal de l' humble vérité
Qui terrassa jadis les anges qui déchurent.

Qu' un coeur compatissant soit à jamais loué,
Agonisant afin qu' à la fin ils se sauvent,
 Percé d' un arc en ciel virant de bleus en mauves,
J' ai mal aux crucifiés, j' ai mal aux mains clouées.