
Si ce n' est envolée de sage en sa folie,
Hallucination de voyant schizophrène,
Conte pieux de parent qui son chagrin refrène
Face au proche expirant dans son corps amolli;
Si ce n' est trahison de la mémoire en friche,
Portrait flatteur d' amant de l' aimée trop épris,
Colérique transport outrant tout son mépris,
Coquette qui se peint, jeune cancre qui triche;
Si ce n' est le roman des univers meilleurs,
Le trait enjolivé des courbes insensées,
La statue au regard perdu dans nos pensées,
Le rêve mélodieux d' ondes jaillies d' ailleurs;
Tout acte qui recrée, suscite ou transfigure
L'image du vivant souillée des boues primales,
La transe de l' orant et l' extase anormale
Des prophètes nouveaux aux sinistres augures;
Honnis soient les fauteurs de notre cécité,
Répétant après l' Autre que nous sommes dieux,
Mêlant le clair au faux en fluides insidieux,
Ils appellent Lumières notre opacité.
Si brisée, muselée, j' ânonnais une phrase,
Afin de démentir ces infâmes sauriens,
Ce serait l'hymne sans lequel je ne vaux rien:
"Que la vraie charité toute la terre embrase."