
On me dira qu' aimer et ce qu' il en résulte
Est plus cendre de pluie que lueur au foyer,
Lutter pour rester soi, pour l' autre guerroyer,
Réenfanter le jour des longues nuits adultes.
On me dira qu' aimer c' est ouvrir à la peur
De frémir pour un autre à jamais essentiel,
Des yeux toujours levés pour supplier le ciel,
A jamais prisonniers de fictives vapeurs.
On me dira qu' aimer c' est s' offrir à l' attente
Des continuels retours et des cent pas perdus,
Des obsessions d' horloge aux élans éperdus,
Sous des soleils trop secs ou des ondées battantes.
On me dira qu' aimer c' est rendre à la folie
La part qu' on doit à Dieu ou à quelque César,
C' est prendre à l' infini sa portion de hasard
Pour étendre le temps aux terres abolies.
On me dira qu' aimer c' est se faire parjure
De tous les vieux crédos pourtant bien incrustés,
Pour le nouvel Adam renier la vétusté
D' anciennes libertés jusqu' à leur faire injure.
Je n' entends que mes pleurs quand tu n' étais pas là,
Mon coeur déshydraté, mon corps hurlant famine,
Mon âme inanimée que la mort contamine
Tout ce que Dieu seul sait,amen qui s'inhala.