Percé d' un javelot quand tu lançais le disque
De ta destinée. Cette course avec le ciel,
Tu as fini noyé. Le songe existentiel
Pèse un poids trop léger face à la part du risque.
Tu mouillas dans l' eau trouble rassasiée de fiel,
Dans le cloaque bourbeux tu as bu aux délices,
Avant d' être broyé par la fatale hélice,
Le navire en spirale a l' illusion du miel.
Les voyages sucrés finissent aux Sargasses,
Combien ont convoité l' Eden des au delà,
Juchés sur des esquifs que l' orgueil modela,
Squelettes de l' abysse jonchée de carcasses.
Le défi n' a qu' un temps qu' il ne maîtrise pas.
J' aurais crié pitié pour qu' on te fasse grâce,
Quel crédit aurais je eu moi qui suis de ta race,
Quand Dieu nous est cruel, qu' on n'en médise pas.
Je ne suis ni amante, ni soeur, ni ta mère,
Pauvre hectoplasme errant, ses larmes pour linceul,
Je suis l' oeil du miroir qui t' as toujours su seul
Au seuil inaccessible de ta quête amère.